ECRITURE ET PERSONNALITE
Comme un miroir reflète un visage, l’écriture reflète la personnalité profonde du scripteur. Chaque écriture est unique, reconnaissable entre toutes. Langage complexe, l’écriture est à la fois projection de soi sur un support, instrument de communication, de transmission de la pensée, des savoirs et des expériences. Par la trace écrite l’homme mémorise le passé, se projette dans l’avenir, laisse pour l’éternité une marque de son passage.
Le geste graphique n’est pas inné, il s’acquiert au fil de longs mois d’apprentissage durant lesquels l’enfant reproduit de plus en plus fidèlement un modèle calligraphique imposé. D’abord gribouillis puis dessin, la trace prend forme, elle devient signe codifié et symbolique dans un espace structuré. Puis le modèle intégré se modifie, se personnalise, le geste devient plus sûr, plus rapide, gagne en aisance et en assurance. Mais l’écriture ne se fige jamais : tout au long de la vie du scripteur elle va évoluer, refléter ses espoirs et ses doutes, ses succès, ses échecs, ses rêves, ses moments d’euphorie, de doute, de colère ou de peine. L’âge venant, elle va souvent se déstructurer, perdre en rapidité ce qu’elle gagne en appui dans l’effort qui crispe la main sur l’instrument.
Ecrire nécessite un investissement à la fois physique et intellectuel. Dans un geste infiniment répété alternant et liant courbes et droites le scripteur invente son propre langage, crée parfois ses propres formes et, dans son désir de se reconnaître à travers sa trace, il se projette inconsciemment sur la page.
Grande ou petite, étalée ou étrécie, ronde ou anguleuse, verticale ou inclinée, claire ou confuse, simple ou compliquée, l’écriture nécessite de la part du graphologue une double lecture : derrière les mots qui transmettent le message il va devoir chercher le non dit, passer de la notion de signes à celle de sens. Connaissant le code, il va observer, regrouper les signes et les interpréter, mettant ainsi au jour leur sens caché.
